Les travaux de réparation entrepris par l’ambassadeur Paul Altidor en vue de remettre en état les locaux de l’ambassade d’Haïti à Washington touchent à leur fin. C’est une ambassade rénovée, mais aussi décorée d’une parfaite touche locale qui a reçu ses amis de Washington D.C le samedi 10 septembre, date à laquelle le diplomate a lancé les activités d’automne de l’institution.
L’ambassade d’Haïti à Washington, très active ces dernières années sur les plans culturel et communautaire notamment, avait dû surseoir à ses événements réguliers pour se concentrer sur la rénovation de ses locaux, une bâtisse vieille de plus d’une centaine d’années. Ces aménagements ont débuté depuis 2012, époque à laquelle l’ambassadeur Paul Altidor a pris les commandes de l’institution. « Il s’agit d’une ancienne maison qui s’est naturellement dégradée au fil des ans. Il fallait changer des pièces, mettre à jour le système de chauffage, la climatisation et l’électricité… Vu l’ancienneté du bâtiment, ces réparations coûtent cher. On doit procéder au fur et à mesure en raison de l’ampleur des travaux à effectuer d’une part et à cause de nos moyens financiers limités d’autre part», explique le diplomate, qui considère que l’ambassade constitue un actif important du patrimoine de l’État haïtien.
L’objectif de Paul Altidor est de faire de l’ambassade une destination tant pour l’Haïtien qui vit hors du pays que pour l’étranger qui est intéressé à Haïti. « L’image du pays est souvent liée à tout ce qui est mauvais et sale. Je veux rendre l’ambassade attrayante et contribuer ainsi à porter mes concitoyens à embrasser leurs racines haïtiennes. Je veux aussi faciliter les discussions et négociations diplomatiques et communautaires concernant Haïti. Ainsi, notre local serait en mesure d’accueillir des réunions importantes pour lesquelles nos délégations n’auraient plus à se déplacer », insiste-t-il. Et si l’on en croit les différents commentaires de ceux qui ont pris part à l’inauguration des jardins de l’ambassade et de l’espace consulaire récemment rénovés, cet économiste de formation est sur la bonne voie.
Pour le lancement des activités culturelles et communautaires, le samedi 10 septembre, les visiteurs ont été accueillis dès leur entrée par des clichés représentant des monuments, des sites touristiques et historiques importants d’Haïti, comme le palais Sans souci, les héros de Vertières ou encore le Saut-Mathurine et Ile-à-vache. Certaines de ces photos apposées au mur de la cour de l’institution proviennent du ministère du Tourisme, d’autres sont signées Hunter Kittrell ou Louis Albert Silvera Leveque. Elles représentent, chacune, un bout de notre patrimoine culturel et historique et ont su retenir les regards de ces dizaines de visiteurs qui avaient fait le déplacement ce samedi.
« O ! gade kijan la a chanje ! », s’est exclamée une invitée. Visiblement, elle n’était pas à son premier passage au 2311 Massachusetts Ave NW. « Men li vrèman trè bèl », a renchéri son compagnon. « Il s’agit d’un Gesner Armand ! », a-t-on pu entendre un peu plus loin. Pour l’occasion, différentes œuvres d’art venues spécialement d’Haïti étaient exposées un peu partout, faisant de l’établissement une véritable vitrine de la riche culture du pays. Les remarques et commentaires ont fusé, montrant surtout la satisfaction des visiteurs qui ont pris la peine d’aller d’une pièce à l’autre.
Le fameux soleil en fer découpé, une conception de Philippe Dodard réalisée par les artisans de Croix-des-bouquets, pièce maîtresse de l’arrière-cour de l’ambassade baptisée « Les jardins de l’ambassade », a aussi suscité beaucoup d’admiration. Il est entouré d’autres sculptures tout aussi appréciables faites en fer découpé provenant encore des artisans de Croix-des-Bouquets dont l’ambassade a fait l’acquisition à travers le « Artisan Business network ». Cette entreprise qui offre une grande variété de produits artisanaux et s’assure aussi de la livraison dans les différents coins du monde a aussi fourni des lanternes disséminées dans la cour et des bouteilles pailletées disposées dans l’espace qui sert généralement de réception. Nellie Goen a complété l’ensemble en se chargeant des fleurs et de l’aménagement.
Pour continuer à faire de l’ambassade une véritable cave d’art, Gaël Monnin, responsable de la Galerie Monnin, l’une des plus anciennes galeries d’art d’Haïti, a généreusement accepté de meubler les murs de l’institution de la collection privée de sa famille. Ce sont des tableaux vieux de plus d’une quinzaine années, retraçant une époque florissante de la peinture haïtienne, que la jeune femme met à la disposition des visiteurs de l’ambassade pour une durée indéterminée. Ils peuvent être admirés au niveau de la section consulaire, surtout pour le moment. Mais dans les jours à venir, ils seront disséminés çà et là dans l’enceinte de l’ambassade et retrouveront les autres pièces provenant de la collection de Fritz Racine qui occupent les murs de l’établissement depuis quelques années déjà.
Le public, qui avait répondu favorablement à l’invitation de l’ambassadeur, a aussi pu apprécier l’animation musicale assurée par le chanteur B.I.C. Venu directement d’Haïti pour l’occasion. Le chanteur a alterné l’anglais et le créole, compositions originales et quelques interprétations pour arriver à atteindre cette assistance qui, en grande partie, faisait tout juste connaissance avec sa musique. Petites pièces et boissons à volonté ont contribué à la réussite de cette réception qui a réuni des étrangers, des représentants d’Haïti à l’extérieur comme Harvel Jean-Baptiste, l’ambassadeur d’Haïti auprès de l’OEA, Harry Adam, administrateur suppléant temporaire d’Haïti à la BID aux États-Unis et aussi des Haïtiano-Américains évoluant dans divers domaines comme Karl Racine, Attorney General du District de Columbia, Karen André, responsable de la liaison entre la Maison-Blanche et le département du logement et du développement urbain des États-Unis ou encore le joueur de football américain Pierre Garçon.
Néanmoins, l’ambassadeur Altidor veut véhiculer un message qui va au-delà du cadre agréable des jardins de l’ambassade et de la décoration qui a été renforcée dans l’ensemble du bâtiment. « Cette rénovation au sein de l’institution a été autant physique qu’opérationnelle. Nous tenons à offrir une meilleure gamme de services à ceux qui fréquentent l’ambassade », a affirmé le diplomate dans ses propos d’ouverture. Il en a profité pour assurer à la communauté que les passeports dont la demande a été faite dans les locaux de l’ambassade seront délivrés dans une heure au maximum et que ceux qui tentent de joindre l’institution au téléphone aux heures de bureau trouveront toujours quelqu’un à l’autre bout du fil. « Je veux faire savoir au public que le changement ne porte pas seulement sur l’immeuble. Le service a aussi été amélioré », a-t-il fait savoir.
Les travaux vont continuer en vue de donner à l’ambassade l’allure d’un musée et d’en faire un pont effectif entre les Haïtiens vivant en Haïti et ceux qui évoluent à l’extérieur du pays. Une bibliothèque que l’ambassadeur Altidor souhaite remplir d’ouvrages haïtiens rares, traitant de sujets variés et de tout ce qui a trait au pays en cours de réalisation bien qu’elle soit déjà ouverte au public. De nouvelles activités, comme un cours de cuisine dans la toute nouvelle cuisine de l’ambassade, ont été ajoutées au programme tandis que les anciennes telles que série de conférences, et le cours de créole reprendront de plus belle. Pour l’événement de ce samedi 10 septembre, seul le premier étage du bâtiment a été ouvert aux invités. La grande réouverture de l’ambassade rénovée est prévue pour le 24 septembre prochain. Elle coïncide donc avec l’ouverture du musée dédié à l’histoire et la culture des Afro-Américains, à Washington. Par la suite, les portes de l’institution seront ouvertes par moments à la communauté de Washington pour lui permettre de savourer l’art haïtien.