Edy Brisseaux, un trompettiste avant-gardiste
À la fin des années 90, Edy Brisseaux s’est imposé comme un artiste au talent indéniable. Aux côtés de musiciens comme Boulot Valcourt, Shedly Abraham ou encore Makarios Césaire, puis avec son groupe Bazilik, le trompettiste a produit des compositions qui ont fait le bonheur des mélomanes. Après avoir créé le « rabop », mélange de bebop et de rara, cet avant-gardiste veut soumettre un nouveau style à l’appréciation du public, le « raklasikobop ». Rendez-vous le 1er octobre prochain à Brasserie Créole, à New York, pour un avant-goût !
Entre Edy Brisseaux et la musique, c’est une histoire d’amour qui n’en finit pas. Il a 9 ans quand son père lui apprend à jouer à la guitare. Pendant ses études secondaires, il fait connaissance avec la trompette, qui, au fil des ans, est devenue son instrument de prédilection. Dès l’âge de 17 ans, il côtoie déjà les grands de la musique haïtienne, comme les Frères Dejean, Dixie Band, Zèklè, Caribbean Sextet et Skah Shah, entre autres. En 1987, il fonde Bazilik, son propre groupe, afin d’apporter un souffle nouveau à la musique haïtienne.
Véritable avant-gardiste, il crée le « rabop », un mélange de rara et de bebop, style de jazz initié par Charlie Parker et quelques autres jazzmen. Près de deux décennies plus tard, il assure que ce genre de musique est toujours exploité par d’autres artistes. « On n’a pas voulu me donner de crédit, mais je remarque bien que, jusqu’à présent, il y a beaucoup de personnes qui utilisent le même concept. Ils se contentent simplement d’en changer le nom », explique-t-il, avec une touche de déception dans la voix.
Mais il faut bien plus que ça pour décourager ce musicien passionné, qui est toujours resté connecté avec ses racines bien qu’il vive à l’étranger depuis plus d’un quart de siècle. En effet, même s’il a passé un certain temps en retrait de la scène musicale au début des années 2000, pour compléter ses études notamment, Edy Brisseaux n’a jamais arrêté de produire. Nous soulignons qu’il a quand même présenté, au cours de cette période, un album de chansons de Noël, et un autre dédié aux femmes. Parallèlement, il fait figure de référence dans la vente de disques haïtiens aux États-Unis. Dans son magasin mobile, son van basé au Massachusetts, on retrouve les derniers-nés de l’industrie musicale haïtienne.
Non content d’être uniquement un vendeur de musique, Edy Brisseaux revient cette année avec un nouveau son : le raklasikobop, un genre qui allierait le rara, la musique classique et, bien sûr, le jazz, cette musique qui a toujours attiré le trompettiste. Mais il n’y a pas que ça. Edy Brisseaux est de ces artistes qui croient que les sons doivent toujours évoluer pour que le public ne s’en lasse pas. Ainsi, il a aussi pensé à apporter quelques changements à la façon dont le compas direct est joué. «J’ai changé le rythme du tambour. Pour moi, c’est la batterie et le kick qui font ce que faisait le tambour. Cela exige bien entendu plus de travail du batteur », explique le musicien, qui en profite pour déplorer la paresse qui, selon lui, anime les batteurs de nos jours. « Il m’est difficile de trouver des batteurs qui puissent jouer le « raklasikobop ». Il y a certes des jeunes qui s’y essaient, mais on est encore loin du compte ».
Ces deux nouveaux sons seront présentés aux fans le 1er octobre prochain à la Brasserie Créole, à New York, au cours d’une soirée toute spéciale. « Je veux donner un avant-goût au public », confie l’artiste, qui a passé tout le mois de septembre à répéter. Des musiciens de grand calibre comme Shedley Abraham, Roland Cameau, Arnstrong Jeune et Reynold Félix prendront aussi part à ce spectacle qui marquera le grand retour du père du rabop. Par ailleurs, Edy Brisseaux prévoit de sortir, en décembre prochain, un album sur lequel il a commencé a travaillé depuis 2005. Et, pour ce qui est d’Haïti, qu’il n’a pas visité depuis un certain temps, il ne peut qu’émettre un souhait : « Mwen anvi fè on bèl konsè jazz, Ayiti ! » On ne peut qu’espérer que cette envie prendra chair dans les mois à venir.
Source : http://lenouvelliste.com/lenouvelliste/article/163530/Edy-Brisseaux-un-trompettiste-avant-gardiste