Discours de l’Ambassadeur Hervé DENIS
Chargé d’Affaires d’Haïti à Washington
À l’occasion de la célébration du 216ème anniversaire de l’indépendance d’Haïti
NOTE : Remerciements en Anglais aux membres du Clergé pour avoir accepté de partager ce moment avec nous.
It is my sincere honor to stand before you on such an historical date, which marks the 216th anniversary of our country Haiti, the First Black and free country in the world, the second independent one in America after USA. I am humbled to thank:
- The Parish Priest Rev Emilio Biosca
- Reverend Father Luc PHILOGENE
- Reverend Father Shaun FOGGO
- Reverend Father Emmanuel EFFAH
- Brother Christ POSCH
…For this opportunity to be in your midst
Monsieur le Représentant Permanent d’Haïti à l’OEA, l’Ambassadeur Léon Charles,
Mesdames/Messieurs de la diaspora haïtienne,
Chères collaboratrices, chers collaborateurs,
Mais avant toute chose, laissez-moi d’abord vous souhaiter tous une très bonne année 2020.
En ce 1er janvier 2020, an 217ème de l’indépendance, la délégation d’Haïti à Washington vous salue et se fait le plaisir de vous souhaiter la bienvenue à la cérémonie du jour, un jour historique hautement symbolique.
En effet, le 1er janvier 1804, aux Gonaïves, l’un des plus grands généraux du XIXème, Jean-Jacques Dessalines, entouré d’autres généraux de l’armée indigène, proclame l’indépendance d’Haïti, la première République noire au monde. Le 1er janvier 1804 a été la consécration d’une longue période d’unité nationale initiée le 14 août 1791, lors de la cérémonie du Bois-Caïman, et scellée le 18 mai 1803 et surtout consacrée par la victoire du 18 novembre de la même année entre les différentes factions sociopolitiques de l’époque : noirs, mulâtres, bossales, créoles… Que l’unité puisse réaliser des exploits, l’indépendance d’Haïti en est l’éloquent témoignage!
Cependant, il n’en demeure pas moins cette interrogation : Comment se fait-il que des groupes avec tant d’intérêts divergents aient pu s’unir ? En fait, qu’est-ce qui a rendu possible ce miracle d’unité?
Par ailleurs, comment expliquer que ce peuple qui a fait 1804 en soit arrivé à ce niveau de déchéance spirituelle, de décrépitude morale, de catastrophe environnementale, d’indigence économique et… cet indigeste blocage sociopolitique ?
Comment s’inspirer de l’idéal du Bois-Caïman, enrichi lors de la création du drapeau et cristallisé le 1er janvier 1804, pour faire renaître l’être haïtien et réveiller Haïti de ce coma bi-séculaire?
La vérité est que Dessalines, Christophe, Pétion, Capois n’ont pas pris la décision de devenir des héros. Ils se trouvaient à un carrefour historique où un problème existentiel se posait, ils ont réfléchi, concerté et agi pour résoudre le problème. Considérant l’immensité des défis qui étaient devant eux (La plus grande armée de l’époque, la précarité de leur situation, le manque de munitions etc.) ils ont été élevés au rang de HEROS de l’indépendance. La soif d’indépendance était plus grande que leurs petits intérêts claniques. La soif de liberté a eu le dessus sur leurs divergences idéologico-politiques.
216 ans plus tard, Haïti, cet héritage qu’ils nous ont légué, fait face à de multiples problèmes qui remettent en question son existence même : l’insuffisance de l’offre scolaire et universitaire, la dégradation de l’environnement, le chômage, l’insécurité physique et alimentaire, la mauvaise qualité de la justice… Il est grand temps que les filles et les fils d’Haïti puissent s’entendre pour affronter ces défis énormes. Thomas d’Aquin disait : « Mon but n’est pas de convaincre mon adversaire, mais de m’unir à lui dans une vérité plus haute. » Dans notre cas, cette vérité plus haute c’est Haïti, notre mère à toutes et à tous.
Il y a eu une cassure dans notre histoire de peuple. À un moment donné on s’est écarté de l’idéal de celles et ceux qui se sont sacrifiés pour notre indépendance. Dans nos choix économique, politique et culturel, on ne s’est pas toujours montré dignes héritières et héritiers de nos visionnaires aïeux. On a pendant longtemps trahi l’unité fondatrice de la nation, sacrifié le bien-être collectif sur l’autel des intérêts mesquins et partisans, hypothéqué l’avenir des prochaines générations en priorisant le conjoncturel sur le structurel.
L’Administration du Président Jovenel Moïse, à l’instar de la communauté internationale, d’une large portion de la population… s’inscrit dans la promotion du dialogue inter-haïtien en vue de la mise en place de mesures duelles : conjoncturelles et structurelles. Cette vision inclusive de la Chose publique nécessite une plus grande participation de la diaspora. Le pays a besoin de tous ses enfants partout où ils se trouvent. A ce niveau, l’Ambassade d’Haïti aux EUA est heureuse de se faire votre écho et de transmettre vos doléances aux autorités Haïtiennes constituées, en premier lieu le Président de la République.
Aussi, pour mieux servir nos compatriotes vivant aux États-Unis d’Amérique tout en facilitant leur connexion à la Mère Patrie, nous continuons à notre manière, sur la voie tracée par nos prédécesseurs tout en y apportant les modifications rendues nécessaires par le temps et notre vision de la tâche à accomplir. Il me plait de vous citer quelques actions posées depuis notre arrivée à la tête de l’ambassade voilà déjà 10 mois :
- Ventes signature d’œuvres littéraires de jeunes auteurs haïtiens dont Winnie Hugo Gabriel
- Sommet pour intégration des femmes en technologie
- Participation à la semaine de promotion de l’Art haïtien conjointement avec la Société haïtienne de l’Art
- Organisation à l’Ambassade de la première exposition des peintres haïtiens de la Diaspora
Pour l’année en cours, nous travaillons d’arrache-pied pour :
- Intégration au sein des services consulaires de l’Ambassade d’une fonctionnaire chargée d’enregistrer et de délivrer des actes de naissance pour les enfants nés de parents haïtiens et auxquels ceux-ci voudraient donner la nationalité haïtienne
- Extension des services consulaires aux populations haïtiennes vivant en zone éloignées de ces services
- Négociation en cours avec l’ONI pour enregistrer les membres de la Diaspora qui le désirent et ainsi leur donner la carte d’identité
- Organisation d’un sommet sur l’investissement en Haïti.
Mesdames/Messieurs de la diaspora haïtienne, Chères collaboratrices, chers collaborateurs, haïtiennes et haïtiens de tous horizons, pour le drapeau pour la patrie, pour les aïeux et pour nos pères, UNISSONS-NOUS !
Washington DC, le 1er janvier 2020